Assemblée parlementaire franco-allemande
Réunion du 6 février 2020
Examen de la proposition de délibération instituant un groupe de travail « Pacte vert pour l’Europe »
André Chassaigne - Chers collègues,
Dans les 3 minutes qui me sont imparties, je porterai une appréciation extrêmement sévère sur cette délibération. J’aurai souhaité pouvoir l’amender mais elle me paraît inamendable.
En effet, à quoi sert-il de présenter 3 pages de banalités libérales, sans définir concrètement l’objet de la coopération que nous souhaitons initier. Affronter la situation, c’est commencer par rappeler les fondamentaux scientifiques. Comment notre délibération peut-elle omettre de faire référence aux travaux du GIEC et aux scenarii d’émissions qui nous sont imposés ? La référence à la « protection du climat » intervient ainsi à 15 reprises dans la délibération, mais la référence à la « réduction de nos émissions de gaz à effet de serre » à seulement 2 reprises.
Plutôt que de surfer pendant 3 pages sur la langue de bois technocratique, la première partie de cette délibération devrait rappeler les données scientifiques, et présenter des éléments concrets : « bilans d’émissions nationales » respectifs, « empreintes carbone » respectives intégrant nos émissions importés, et « budgets carbone » disponibles pour tenir des engagements climatiques responsables.
Plutôt que d’ergoter sur « les chances et les possibilités nouvelles » du changement climatique ou les miracles à venir liés « à l’élargissement des systèmes d’échanges de quotas carbone », la seconde partie de notre délibération devrait présenter nos niveaux d’émissions secteur par secteur, nos actions en cours, et celles que nous envisageons.
Je suis totalement stupéfait de l’affirmation, à l’alinéa 6 du texte, selon laquelle, « nos deux pays donnent déjà le bon exemple ».
Dois-je rappeler aux membres de notre commission que l’empreinte carbone de la France progresse de façon continue ces dernières années ? C’est le résultat de la croissance vertigineuse des émissions associées aux importations. Elles ont doublé depuis 1995, résultant des choix libéraux !
Dois-je rappeler que l’Allemagne fait toujours partie des plus mauvais élèves au niveau européen comme mondial en matière d’émissions nationales de gaz à effet de serre en lien avec des choix énergétiques qui privilégient le recours massif aux énergies fossiles, charbon et gaz ?
La méthode « Coué » n’a absolument aucune efficacité climatique. Elle ne transforme toujours pas le dioxyde de carbone ou le méthane en oxygène.
Si nous voulons être vraiment utiles, alors la dernière partie de ce texte devrait préciser nos engagements respectifs, avec leur échéance, la trajectoire annuelle poursuivie, et les conditions de notre coopération pour chaque secteur émetteur.
Coopérer vraiment, c’est se fixer des objectifs partagés, dégager les moyens budgétaires indispensables aux politiques publiques, les mettre en œuvre, les contrôler et les adapter.
Ce texte n’y fait pas référence.
Aussi, je ne voterai pas une délibération sans contenu ni perspective concrète.
Téléchargez le texte de la délibération proposée instituant un groupe de travail « Pacte vert pour l’Europe » :
En PDF ici :
