Assemblée parlementaire franco-allemande - 7 novembre 2022
Débat sur la souveraineté énergétique
Je commencerai par un constat sévère mais réaliste : la libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz, conduite à marche forcée depuis Maastricht, place les Européens au bord du précipice.
Les paquets « Energie » et « Climat-énergie », encadrés par le droit européen de la concurrence ont abouti à entretenir un système totalement purement spéculatif qui ne permet ni de répondre aux besoins des citoyens et des entreprises à des prix stables et raisonnables, ni de relever le défi climatique avec des productions décarbonées, ni d’assurer notre souveraineté énergétique.
Je regrette d’ailleurs que les gouvernements français successifs aient accompagné ces dernières décennies la dérive de la politique énergétique allemande. L’indexation des prix de l’électricité sur le gaz et le développement des centrales thermiques au charbon et au gaz pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables se payent très cher. La France avait pourtant fait des choix courageux pour garantir sa sécurité énergétique et géopolitique en se dotant, après-guerre d’un grand service public unifié de l’électricité et du gaz avec des tarifs règlementés, et en construisant son programme électronucléaire et hydraulique.
Si la guerre en Ukraine révèle l’ampleur du désastre, les fondements de ce désastre sont bien le fruit de choix politiques nuisibles, tant pour le climat que pour notre souveraineté.
Certes pour affronter cette crise, nous avons absolument besoin de plus de solidarité européenne. Mais cette solidarité ne peut en aucun cas servir à prolonger les erreurs du passé et maintenir un système aberrant. Si solidarité il doit y avoir, le gaz et l’électricité doivent sortir des griffes des marchés !
Or, nous constatons que les communications de la Commission, comme les blocages entre la France et l’Allemagne, ne traduisent pas de volonté d’une « réforme structurelle » des marchés de l’électricité et du gaz, mais aboutissent à un statu quo particulièrement dangereux.
Les députés communistes français défendent la construction d’une vraie politique européenne de coopération énergétique, une politique fondée, au sein des Etats membres, sur des monopoles publics de l’énergie, et au plan européen, sur des tarifs encadrés et réglementés.
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