Mercredi 16 avril 2008 - 16h15
Commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire
Audition de M. Robert Rochefort, directeur général du CREDOC, sur son rapport relatif aux commerces de proximité (« Un commerce pour la ville »)
[…]
M. André Chassaigne s’est demandé si les remarques sur « les politiques publiques contradictoires, mal coordonnées » en matière de commerce urbain ne valent pas aussi pour certains choix politiques nationaux, en particulier la loi Chatel et le projet en préparation sur la modernisation de l’économie. Les mesures proposées, même intéressantes, n’auront-elles pas un effet « homéopathique » au regard des conséquences graves, qui découleront d’une intensification de la concurrence, de la suppression de garde-fous pour tirer les prix vers le bas, et qui seront immanquablement favorables à la grande distribution ? Le fond du problème, c’est le pouvoir d’achat. Or, en l’absence de volonté d’augmenter les salaires, la seule réponse réside dans des prix plus bas. Mais il n’est pas certain qu’une recherche effrénée dans ce sens puisse favoriser le commerce de proximité, au contraire. C’est même l’inverse.
Quant aux aides du FISAC, les préfectures gèrent des listes d’attente très longues. Pour faire financer les quelques travaux éligibles, il faut attendre plus d’un an dans le Puy-de-Dôme. Quant aux collectivités qui montent des programmes, elles sont obligées de téléphoner souvent pour avoir une réponse qui ne vient toujours pas après dix-huit mois. En outre, le taux proposé par le FISAC n’est pas particulièrement attractif.
Par ailleurs, il est impossible de revenir en arrière. Les choix qui ont été faits par les élus locaux se justifiaient par les nécessités d’alors : il fallait construire des parkings, régler les problèmes de circulation et de desserte, ce qui a conduit à accompagner l’installation de grandes surfaces en périphérie des villes. Comment redresser la situation ? Les propositions qui établissent un lien avec la rénovation urbaine, bien que judicieuses, ne risquent-elles pas de rester marginales ?
La question du commerce de proximité s’articule avec le Grenelle de l’environnement. L’ADEME a publié une intéressante étude, qui compare ce que coûtent en gaz à effet de serre les différents types de commerce : commerce de proximité, supermarché, voire hypermarché. Cette dimension essentielle doit impérativement être prise en compte, au-delà des critères visibles que sont le prix ou le service rendu au consommateur. Il faut intégrer aussi « l’artificialisation » des terres dans le coût que supporteront les générations à venir. L’accent doit être mis davantage sur cet aspect, quitte à le chiffrer comme l’ADEME l’a fait.
[…] (questions des autres parlementaires et réponse de M. Robert Rochefort)
M. Serge Poignant a remercié M. Robert Rochefort pour son intervention fort intéressante et pour ses réponses aux questions des députés.