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QUESTIONS AU GOUVERNEMENT
L’ordre du jour appelle les questions au Gouvernement.
CONTRAT PREMIÈRE EMBAUCHE
M. André Chassaigne - Bonne année à tous…
M. le Président - Merci, Monsieur Chassaigne.
M. André Chassaigne - …et surtout au peuple de France ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP)
M. le Président - Et à la République.
M. André Chassaigne - Monsieur le président, chers collègues,
Ma question s’adresse au Premier Ministre,
En guise de vœux d’avenir à la jeunesse, la journée d’hier n’aura pas été marquée par l’annonce de lendemains qui chantent. En réponse aux énormes difficultés rencontrées par nos enfants pour trouver du travail, vous leur annoncez que les grandes entreprises, celles dont les profits explosent chaque année, pourront désormais institutionnaliser les parcours de précarité de leurs jeunes salariés, avec la possibilité de les licencier sans motivation et en l’absence de toute protection.
Six mois après la création du « contrat nouvelle embauche », ce « contrat première embauche » est un pas supplémentaire, mais quel pas, vers l’extinction du contrat à durée indéterminée, c’est-à-dire vers la fin du minimum de sécurité professionnelle auquel chacun aspire ! Alors que le départ à la retraite des salariés de la génération du baby boom provoquera un formidable renouvellement de la population active de ce pays, vous proposez que ce renouvellement s’effectue sous les fourches caudines de la précarité, de l’angoisse du lendemain, et évidemment de la faiblesse du pouvoir d’achat.
Avec ce projet, vous ne cherchez pas à développer l’emploi. Vous accédez simplement aux sommations du patronat le plus réactionnaire qui fait de la peur un mode de gestion du personnel ; c’est-à-dire un moyen d’isoler les salariés les uns des autres et donc de contenir la pression syndicale.
Monsieur le Premier Ministre, quels sont les projets de vie d’un jeune qui sait qu’il peut perdre son travail du jour au lendemain et sans aucune explication ?
Monsieur le Premier Ministre, comment voulez-vous que la jeunesse de notre pays se dessine un avenir si vous décidez ainsi de l’enfoncer dans la précarité et la pauvreté, alimentant ainsi son sentiment d’injustice et de rejet de la société.
Monsieur le Premier Ministre, l’avenir d’un pays ne se construit pas sur la désespérance de sa jeunesse !
Aussi, ma question est simple : allez-vous renoncer à ce nouveau pas vers le démantèlement du code du travail ?
Réponse du Ministre :
M. Gérard Larcher, ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes - Quelle est la réalité que nous connaissons depuis vingt-cinq ans ? Un taux de chômage des jeunes double de la moyenne, même quand la croissance est de quatre points et que les gouvernements créent des emplois jeunes. Sept jeunes sur dix entrent dans le monde du travail par la voie d’un CDD ou de l’intérim. À eux donc la galère, c’est-à-dire la difficulté d’accéder au logement, au crédit et aux loisirs ! C’est cela que le Premier ministre a voulu briser ! (Protestations sur les bancs du groupe socialiste)
Nous avons ainsi constaté que la formation en alternance favorise l’emploi, de même que les stages pédagogiques mais à condition de clarifier leurs règles de fonctionnement. Il fallait également répondre aux 240 000 jeunes qui sont au chômage depuis plus de six mois. C’est pourquoi nous avons accordé une exonération totale de charges aux entreprises qui embaucheront des jeunes se trouvant, au 16 janvier, au chômage depuis plus de six mois.
En outre, le contrat première embauche prévoit le doublement des indemnités en cas de rupture, et le droit individuel à la formation sera reconnu dès le premier mois.
Enfin, en matière de logement, le Loca-Pass sera proposé à chaque contrat. C’est le contraire de la désespérance ! C’est une nouvelle espérance pour les jeunes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)
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