Monsieur le Ministre,
Je fais suite à la réunion de travail qui s’est tenue au Ministre le 1er février dernier, et vous remercie de l’attention que vous avez portée aux problématiques soulevées par la délégation coutelière que je conduisais ce jour.
Je vous confirme la demande de la profession de protection du savoir-faire, du patrimoine artisanal et industriel, reconnue comme métier d’art.
En effet, des marques anciennes de coutellerie française, dans le domaine public, sont tout à fait accessibles à une entreprise qui souhaiterait faire fabriquer ses couteaux à l’étranger. Bien que la marque ne garantisse en aucune façon les qualités d’un produit (contrairement à l’appellation contrôlée ou d’origine), le public associe souvent la notoriété de la marque aux qualités du produit concerné, la commercialisation étant assurée sur l’image de patrimoine véhiculée par cette marque ancienne. C’est pourquoi j’avais interrogé le Ministère sur la possibilité et l’opportunité de créer un « conservatoire » qui serait propriétaire de ces marques, pourrait les mettre à disposition des entreprises pour les exploiter, sous condition de fabrication du produit en France, et aurait vocation à ester en justice lorsqu’elle constaterait une contrefaçon de la marque.
Thiers est, depuis plusieurs siècles, le plus grand centre français de coutellerie.
L’origine de sa spécialisation remonte au Moyen Age : selon une légende, les croisés auvergnats, lors de la première croisade, auraient rapporté d’Orient le secret de la fabrication… mais en fait la métallurgie thiernoise remonte au 14e siècle. Le développement de la coutellerie a permis à la ville d’exporter ses produits, dès le 16e siècle, en Espagne, au Pays-Bas et en Lombardie.
En 1582, la profession était organisée autour d’une jurande et disposait d’une table de marques. Ce sont ces marques anciennes, qui n’ont pas été protégées à l’INPI, qu’il conviendrait aujourd’hui de protéger de façon collective.
Je vous remercie d’être le relais de la filière coutelière thiernoise auprès de cette instance, et de la Société d’Encouragement aux Métiers d’Art, afin que cette idée puisse être étudiée.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
André Chassaigne