J’ai appris avec grande tristesse le décès de l’Abbé Pierre, survenu ce matin à l’hôpital du Val de Grâce.
Je veux rendre hommage à celui qui a créé Emmaüs, dont l’objectif premier était de construire des logements avec l’argent récolté par la vente de matériel et d’objets de récupération. Il cherchait des réponses immédiates et solidaires à la détresse des sans-abri et obligeait chacun à ne pas détourner le regard, à voir les effets de l’exclusion, de la misère.
Je veux rendre hommage à celui qui lança, le 1er février 1954, cet appel à « l’insurrection de la bonté » face à la situation dramatique faite aux sans-abri, durant cet hiver particulièrement rigoureux. Par l’indignation nationale que suscita ce cri de colère, l’effort de la collectivité publique fut sans précédent. Des milliers de logements furent rapidement construits et permirent, au-delà du toit, l’accès au confort pour de nombreuses familles. Il était dit que l’Etat aurait désormais ce devoir de solidarité vers l’ensemble des personnes vivant dans notre pays.
Je veux rendre hommage à celui qui, toujours, eut la même vigilance pour que jamais les plus démunis, sans-abri, mal-logés, pauvres et précaires, ne soient oubliés. Les rapports du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées qu’il initia ou ceux de la Fondation Abbé Pierre, sont toujours une interpellation des pouvoirs publics sur cette société qui, aujourd’hui plus que jamais, produit de la misère et de l’exclusion.
Je veux rendre hommage à celui qui, en janvier 2004, par sa venue à l’Assemblée Nationale puis un nouvel appel que la situation rendait nécessaire, obligea le Gouvernement, à reculer dans sa volonté de vider de sa substance l’article 55 de la loi SRU. Cette loi impose un effort de construction de logements HLM sur le territoire de toutes les communes.
Oeuvrait en ce sens, les élus communistes se sont souvent retrouvés dans de mêmes engagements. Avec nos sensibilités respectives, nous avons partagé le même sens de la révolte, de la dénonciation, du combat, de la recherche acharnée de solutions à toutes les détresses individuelles, à toutes les exclusions sociales, à toutes les injustices. Poursuivre avec détermination le combat pour un droit au logement pour tous est le meilleur des hommages que nous puissions rendre à cet homme remarquable.