« Je ne suis pas un jouet mécanique »
Au cours de notre enquête, nous avons rencontré quelques laboureurs qui réussissent très bien à faire le lien entre le local et le national, l’un nourrissant l’autre et vice versa. Ils ne sont pas nombreux.
André Chassaigne (PC, Puy-de-Dôme) est l’un d’entre eux. A 56 ans, c’est un petit nouveau à l’Assemblée, élu de la fournée 2002 dans une circonscription rurale où personne n’attendait un communiste, fils d’un ouvrier de Michelin. Robert Hue y avait fait 4 % des voix à l’élection présidentielle de 2002 ! Maire de Saint-Amant-Roche-Savine (531 habitants), ce moustachu grisonnant à choisi, en 2004, de ne pas se représenter au conseil général (où il a siégé pendant un quart de siècle) afin de se consacrer pleinement à son mandat de député. Mandat qu’il exerce en concertation avec ses électeurs.
« Pendant ma campagne électorale, j’avais dit aux gens que je ne serais pas comme ces singes en bois de mon enfance, avec une clé dans le dos, que l’on remontait pour les faire avancer tout seuls. Je m’étais engagé à associer les électeurs à mon travail parlementaire (1) » explique-t-il avec son accent chantant. André Chassaigne s’est entouré d’une équipe solide : trois collaborateurs dans le Puy-de-Dôme et un à Paris, tous à plein temps. L’enveloppe dévolue à la rémunération des collaborateurs (8 784 euros par mois) n’y suffit pas et le député doit piocher dans son indemnité représentative de frais de mandat (6 192 euros), que d’autres préfèrent dépenser en biscuits à la cuiller et en mousseux pour organiser des pots dans les maisons de retraite.
L’ancien principal de collège a créé un site Internet alimenté quotidiennement en bulletins d’actualité sur son action parlementaire, qui reçoit environ 300 visites par jour et devient un lieu d’échanges grâce à un forum ouvert aux internautes.
L’information circule dans les deux sens. Lorsqu’un projet de loi important est programmé à Paris, André Chassaigne organise localement ce qu’il appelle des « conseils de circonscription » dans la salle des fêtes d’un petit village. Il expose brièvement le projet puis écoute ce que chacun a à dire. En 2005 et 2006, il a ainsi tenu une bonne quinzaine de réunions autour de la loi sur l’eau, votée en première lecture le 30 mai 2006. « J’ai monté deux ateliers, dans lesquels une centaine de personnes se sont impliquées. Le premier consacré aux questions d’adduction et d’assainissement, avec de nombreux élus et des consommateurs. Le deuxième atelier, composé d’agriculteurs, de pêcheurs ou de gérants de micro-centrales, a étudié le problème des eaux vives ». Un gros travail pour l’un de ses collaborateurs locaux : invitations, comptes rendus, réservations de salles. L’assistant parisien y participe aussi. Lui et le député se sont nourris de ces réunions pour rédiger des amendements qui ont été exposés lors du débat d’ans l’hémicycle.
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