01-09-2005

Faucheurs d’OGM : organisation d’une médiation.

Monsieur le Préfet,

Secrétaire de la Mission d’information parlementaire « sur les enjeux des essais et l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés », je m’étais alors exprimé par une contribution personnelle intégrée au rapport, rendu public le 14 avril dernier après six mois de travaux auxquels j’ai participé assidûment.

Ma préoccupation première a toujours été de construire, et sans a priori, un positionnement politique sur cette question, avec la volonté d’une approche ouverte et objective.
Durant cet été, je ne me suis livré à aucun commentaire sur les destructions, dans notre département, de multiples parcelles de cultures transgéniques conduites dans le cadre de recherches médicamenteuses.
Aussi, est-ce avec solennité que je vous écris, convaincu qu’il est de la responsabilité des politiques comme des pouvoirs publics de prendre à bras le corps ce problème : plus personne ne peut aujourd’hui nier la gravité de la situation.
Le déploiement de forces sans précédent que vous avez été contraint de mettre en place pour surveiller les parcelles menacées n’a, évidemment, pas suffi à endiguer l’ardeur des « faucheurs d’OGM », ouvrant bien au contraire la porte au cycle bien connu de la provocation - répression.
La radicalisation de ces militants écologistes n’a malheureusement d’égal que l’autisme du gouvernement, resté inflexible devant les recommandations de la mission d’information parlementaire. Les conséquences de cette situation sont douloureuses : une quinzaine de personnes sont aujourd’hui passibles de prison, un laboratoire de recherche est clairement menacé de délocalisation.
Certes, l’ampleur des divergences d’appréciation entre les pro et anti-OGM ne facilite pas les prises de positions équilibrées : réduire les uns à des obscurantistes comme recourir à une justice expéditive n’est pas plus acceptable que caricaturer les autres en instruments d’un capitalisme aveugle ou instrumentaliser l’inquiétude légitime de citoyens.

Dans ces conditions, la recherche, et plus particulièrement la recherche publique, restera bloquée dans notre pays. Les conséquences en seront gravissimes, tant pour le développement économique et médical que pour la santé publique et l’environnement.

Aussi, je vous propose l’organisation d’une médiation entre tous les acteurs locaux concernés par ce problème.
Persuadé que le dialogue est vital et qu’il ne peut qu’améliorer une situation bien dégradée, je suis pour ma part prêt à assumer, avec équilibre et mesure, la responsabilité de cette médiation.

Je vous prie croire, Monsieur le Préfet, en l’expression de ma haute considération.

André CHASSAIGNE

Pour en savoir plus : Réflexions d’André Chassaigne en fin de mission parlementaire

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