14-02-2008

Minima sociaux - révision des conditions

Le 11 février 2008

Monsieur Eric WOERTH
Ministre du Budget, des comptes
Publics et de la fonction publique
139, rue de Bercy
75012 PARIS

Monsieur le Ministre,

J’ai pris connaissance, avec stupéfaction, du décret publié par votre ministère dans le Journal officiel du 30 janvier 2008.
Ainsi, sous la dénomination « Evaluation des éléments de train de vie », vous modifiez le Code de l’action sociale et des familles et le Code de la Sécurité sociale, en y mentionnant une batterie de mesures toujours plus coercitives à l’égard des plus démunis. Ces nouvelles dispositions définissent, désormais, les éléments du patrimoine à évaluer, dans le but avoué de remettre en cause les minima sociaux et certaines prestations sociales dont bénéficient les allocataires du Revenu Minimum d’Insertion, de la prestation d’accueil du jeune enfant, du complément familial, de l’allocation de rentrée scolaire et de la CMU. Pour faire baisser le nombre de ces allocataires, ce décret de la honte va même jusqu’à inclure les appareils électroménagers dans l’évaluation du patrimoine.

Alors que depuis huit mois, votre politique ne cesse d’amplifier les privilèges d’une poignée de nantis, qui accumulent des richesses indécentes, et après avoir engagé la chasse aux chômeurs, que le président de la République, lui-même, n’hésite pas à assimiler à des fraudeurs…voilà que vous vous attaquez aux bénéficiaires des minima sociaux. Emporté par la frénésie libérale dans laquelle s’inscrit la politique gouvernementale, vous n’avez décidément plus aucune retenue… C’est la curée ! Chaque jour, nos concitoyens mesurent le gouffre entre les propos lénifiants du Président de La République, qui s’efforce de retrouver un crédit après sa dégringolade dans les sondages, et la brutalité de votre politique.

Ainsi, à titre d’exemple, le droit au RMI sera remis en cause si le montant de l’évaluation est supérieur ou égal à la moitié du montant annuel du RMI. Il est clair qu’avec une telle mesure, vous faites prendre un virage important à la politique sociale de notre pays. Avec cette étape décisive du démantèlement des droits acquis, et dans l’attente des prochaines victimes, vous avez codifié la criminalisation des pauvres.

Je ne manquerai pas de populariser cette mesure régressive qui cible, une fois encore, les plus humbles à qui vous faites payer votre politique de classe. Avec toutes les victimes de cette mesure, les citoyens, les salariés et les élus, mais aussi avec les syndicats et l’ensemble des associations, nous allons tout mettre en œuvre pour faire grandir le rassemblement contre cette décision scandaleuse.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma plus haute considération.

André CHASSAIGNE

Pour en savoir plus : Andre Chassaigne

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