09-02-2005

Nouvelle convention médicale

Monsieur,

Je comprends tout à fait le désarroi que vous manifestez suite à la signature de la nouvelle convention médicale censée mettre en place une nouvelle architecture de soins.

Lorsque mes collègues et moi-même dénoncions, l’été dernier, le texte que souhaitait imposer le gouvernement, nous avions un peu l’impression de prêcher dans le désert… La complexité du dispositif proposé, tout comme la complaisance des médias à l’égard de la politique du gouvernement, ne nous avait pas permis de faire comprendre aux Français en quoi Douste Blazy menace le fragile équilibre de l’assurance maladie.

Aussi, je suis pour ma part persuadé que la nouvelle convention médicale est dans la droite ligne du texte adopté cet été :

L’article 7 de cette loi définit en effet les nouvelles missions du médecin « traitant ». Il explique clairement que les médecins « référents » sont appelés à disparaître. De plu, l’article 8 de cette loi rend possible, pour les spécialistes, les dépassements d’honoraires à l’encontre des patients n’étant pas passés préalablement par leur médecin traitant.

Surtout, la philosophie générale de cette loi est foncièrement viciée ; le texte cherche exclusivement à multiplier les barrières ou les menaces de déremboursement afin de rendre plus difficile l’accès aux soins. Il est source d’inégalités, facteur de détérioration de la santé, et s’avère financièrement contre-productive. En outre, il reste dans la droite ligne de toutes les réformes menées depuis trente ans : il cherche à réduire les dépenses, plutôt que de chercher de nouvelles ressources, nécessaires au vu de l’augmentation inévitable à l’avenir du coût de la santé en France.

Il est vrai que le gouvernement n’a tombé le masque qu’avec cette nouvelle convention médicale. Le ver était malheureusement dans le fruit.

Aussi, je suis tout à fait d’accord pour dénoncer avec vous le rythme d’apparition d’un système de santé à deux vitesses. En libérant les dépassements d’honoraires, le gouvernement cherche bien plus à satisfaire une clientèle électorale qu’à préserver la santé des Français.

Comme vous le dites, pointe évidemment derrière cela la privatisation de l’assurance maladie : la faiblesse des réactions des pouvoirs publics face aux déconventionnements sauvages de certains de vos confrères montre bien que le gouvernement encourage la constitution parallèle d’un système de santé privé, réservé aux plus riches.

La nouvelle architecture des soins risque aussi, à mon avis, de tuer progressivement le caractère libéral de votre profession. Cette architecture s’apparente furieusement au système américain des HMO, où les médecins sont majoritairement salariés des assureurs privés.

Aussi, je soutiens évidemment votre démarche en m’associant à votre pétition. Il est nécessaire d’exiger de nouvelles négociations sur les réformes imposées par le gouvernement. Je demanderai à ma collaboratrice d’indiquer sur mon site Internet l’adresse Internet de votre syndicat.

En vous encourageant à continuer votre combat, je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

André CHASSAIGNE

Pour en savoir plus : Signez le manifeste contre la réforme du sytème de santé

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