03-05-2018

Privatisation des concessions hydroélectriques : décision de la France

M. André Chassaigne interpelle Monsieur le Ministre de la Transition écologique et solidaire sur la décision de la France de privatiser les concessions hydroélectriques.

Le 31 janvier dernier, le Gouvernement a fait le choix d’accélérer la mise en concurrence et la privatisation de 150 des 400 plus grands barrages hydrauliques de 2018 à 2022. Après plus de 10 ans de pression permanente et infructueuse de la Commission européenne et d’opérateurs privés, la France a pris la responsabilité d’être le seul grand pays hydraulique européen à céder ainsi aux exigences libérales, sans aucune considération pour les conséquences prévisibles de ces privatisations ni sur le plan de la transition énergétique et écologique, ni sur le plan économique et social.

Deuxième forme de production derrière l’énergie nucléaire, l’hydroélectricité représente 12 % de la production électrique française avec 23 500 MW installés, mais surtout près de 70 % de son électricité renouvelable. Avec l’avantage d’être immédiatement disponible pour répondre aux pics de consommation, l’énergie hydraulique relève de l’intérêt national dans le cadre de la recherche d’un mix électrique décarboné, conformément aux engagements pris par la France tant au niveau international avec l’accord de Paris, qu’au niveau national avec la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Cette décision contrevient donc directement aux objectifs de sécurité d’approvisionnement apportée aujourd’hui par l’entreprise publique EDF, détentrice des concessions de 80 % du parc.

Concrètement, la prise de contrôle des barrages par des groupes privés menace la stabilité du système électrique français avec la mise en place d’un mécanisme empêchant EDF, pourtant indéniablement le mieux disant, de postuler sur les renouvellements de concession. Cette exclusion constitue une discrimination économique et écologique d’une extrême gravité à l’encontre de l’opérateur historique. Or, la logique de profit à court terme des opérateurs privés les poussera à produire suivant leurs intérêts en fonction des demandes et des prix du marché et non plus en fonction des besoins du réseau. Non seulement ces privatisations entretiendront une nouvelle spéculation sur le marché électrique, au risque de provoquer des coupures et dysfonctionnements majeurs sur le réseau électrique, mais elles auront aussi pour conséquence la hausse des tarifs de l’électricité pour les consommateurs. Enfin, alors que ces grandes installations hydroélectriques sont amorties depuis longtemps, puisque la majorité des barrages ont été construit au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce sont les investissements durables d’EDF dans la sécurité des ouvrages et en faveur de la limitation des impacts environnementaux de leur fonctionnement qui sont remis en cause.

La proposition de vente à la découpe du patrimoine hydraulique français révèle l’ampleur des contradictions du Gouvernement en matière écologique et énergétique.

En conséquence, il demande à Monsieur le ministre s’il compte revenir sur cette atteinte sans précédent à notre sécurité d’approvisionnement énergétique, et garantir à l’opérateur historique le maintien de l’exploitation des ouvrages pour répondre à l’intérêt général.


Voir la question + la réponse (si parue) sur le site de l’Assemblée nationale.


Voir aussi à ce sujet :

Pour en savoir plus : André Chassaigne - JB

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