01-07-2003

REFORME DE LA PAC

André Chassaigne dénonce fermement l’accord de jeudi 26 juin au sujet de la réforme de la PAC. Le gouvernement n’a pas hésité à sacrifier l’agriculture de ce pays dans le cadre des accords et des négociations avec l’OMC. C’est inacceptable.

L’habillage écologique de cette réforme est étoffé. Cet enrobage n’est pourt*ant destiné qu’à obtenir un soutien des opinions publiques urbaines à cette réforme, peu au fait des réalités du monde rural. Réformer ainsi, comme le fait la Commission, en cherchant à opposer les citoyens les uns contre les autres, est scandaleux. Il est surtout mensonger de prétendre que le paiement unique par exploitation, instauré par cette réforme, favorisera une agriculture écologique. En effet, les aides découplées seront basées en référence au montant des aides distribuées lors de la période 2000/2002. C’est-à-dire que les exploitations les plus productivistes, celles qui reçoivent le plus d’aides aujourd’hui, continueront de recevoir beaucoup plus d’aides après la réforme que les exploitations localisées sur les exploitations les moins productives. C’est une véritable rente de situation qui est donnée aux grandes exploitations productivistes d’Europe.

Les petites exploitations agricoles, notamment celles situées dans les zones de montagne, sont sacrifiées. La Commission en a parfaitement conscience puisqu’elle évoque elle-même dans son communiqué « le risque d’abandon de terres » et donc de désertification de nos espaces ruraux. Aussi, la réforme de la PAC va entraîner la disparition pure et simple de centaines de milliers d’exploitations dans le pays, de ces petites exploitations qui assurent la qualité des productions, mais qui font aussi le dynamisme et la vie de nos espaces ruraux.

Cette réforme entame donc le démantèlement de la politique agricole commune. L’espoir d’une politique guidée par la fixation de prix rémunérateurs et destinée à maintenir l’activité dans les zones rurales s’éloigne. Le compromis accepté jeudi 26 mai par le gouvernement va donc aiguiser les distorsions de concurrences et amplifier les conséquences de la logique impitoyable du marché et des baisses des prix. C’est le coup de grâce qui est porté au modèle de l’agriculture de qualité, familiale, auquel est attaché un très grand nombre d’agriculteurs européens. L’Europe abandonne ainsi toute politique d’organisation des marchés. Elle a soumis l’agriculture européenne aux vents mauvais de l’ultralibéralisme mondialisé portés par l’OMC et les Etats-Unis.

Avec cette réforme, l’Europe abandonne une politique commune qui avait été au cœur de la construction communautaire. Mais chaque Etat disposera-t-il désormais d’une latitude réelle pour appliquer les principes de cet accord ? Chaque pays pourra-t-il décider de nouvelles modalités de soutien au secteur agricole ? Cette renationalisation de fait des politiques agricoles met le gouvernement face à ses responsabilités : il se doit aujourd’hui d’assumer toutes les conséquences de l’accord qu’il a accepté de signer.
André Chassaigne sera ainsi, avec les communistes, aux côtés de tous les agriculteurs qui se mobiliseront contre cette réforme, pour débattre et agir, contester ces choix européens et construire avec les acteurs de la vie rurale une autre politique, basée sur des prix rémunérateurs durables du travail agricole. Plus que jamais, il faut favoriser une agriculture paysanne familiale, soucieuse de la qualité, du respect et du développement des territoires.

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