15-07-2003

Retraites et décentralisation

André, les deux derniers mois ont été marqués par de très nombreuses lettres du public relatives au problème des retraites et du monde de l’école avec la décentralisation. Qu’en penses-tu ?

Tous ces salariés ont eu raison de se mobiliser car les coups portés sont très durs. Les retraités vont voir leurs pensions continuer de diminuer puisqu’elles ne sont plus indexées sur les salaires. Les futurs retraités devront payer plus, travailler plus longtemps pour toucher moins.
Quant à la décentralisation à la mode Raffarin, elle va entraîner beaucoup d’inégalités de traitement pour les enfants et les jeunes et des augmentations importants des impôts locaux : c’est ce qui se passe au Conseil Général qui a augmenté les impôts pour compenser les dépenses nouvelles qui lui sont imputées ou transférées, telles que l’APA…

Mais pourquoi tant d’intransigeance de la part du gouvernement ?

Arc-bouté sur les thèses du libéralisme si chères au Baron Seillière, le patron des patrons français, le gouvernement s’attaque à tous les acquis que des générations de salariés ont arraché au patronat, grâce à leurs luttes, comme à l’époque du Front Populaire. Il traite les salariés comme des marchandises, corvéables et taillables à merci, et veut rendre leur situation toujours plus précaire et flexible. C’est le dogme du coût du travail trop cher.
Le gouvernement s’attaque aussi aux structures de l’Etat français qui gêne encore le redéploiement du capitalisme financier en liaison avec le remodelage de l’Europe et de la mondialisation. C’est un véritable recul de civilisation pour notre pays.

Y-a-t-il d’autres solutions ?

Bien sûr ! Chacun a pu remarquer qu’aucun grand média n’a organisé un véritable débat contradictoire.
D’abord, je voudrais remarquer que le gouvernement et le patronat prennent le constat que nous vivons plus vieux comme une catastrophe.
Certains vont même, avec cynisme, jusqu’à se demander si la société a raison de faire tant d’efforts pour bien soigner les anciens.
La France est le 4e pays le plus riche du monde. N’est-il pas normal qu’il consacre plus d’efforts pour les retraités ?
Ensuite, je remarque que seule, la solution de faire payer les salariés, de baisser les pensions a été retenue.
Pas un mot sur la contribution patronale qui n’a pas bougé depuis. Pas un mot sur les énormes avoirs boursiers des grandes entreprises qui ne sont pas imposés comme ceux liés au travail, à la production.
Enfin, il faut savoir qu’en ne faisant payer que les salariés ou les retraités il manque encore 24 millions d’euros pour financer la réforme. La question va donc revenir très fort comme dans d’autres pays européens pour partir encore plus tard et avec moins d’argent.

Comment s’en sortir ?

L’action des salariés est indispensable. Elle doit même s’amplifier s’ils ne veulent pas voir leur travail complètement broyé au profit des seuls critères financiers. Les députés communistes se mobilisent sans compter pour faire vivre d’autres solutions.
Mais le rouleau compresseur du capitalisme mondialisé ne peut être arrêté, contesté qui si des alternatives deviennent la propriété d’une majorité de citoyens.
Et puis, il faut bien reconnaître que Raffarin profite des dernières élections où l’abstentionnisme et l’affaiblissement de la représentativité du parti communiste lui ont donné les mains libres.
L’expérience de la gauche au pouvoir a montré que son échec est dû au fait qu’elle n’a pas répondu aux énormes espoirs placés en elle parce qu’elle ne s’est pas débarrassée d’une vision libérale de la gestion de l’Etat.
Sur toutes ces questions, il faut que le débat s’amplifie. J’y participe et je donne rendez-vous en septembre pour un débat sur le thème des délocalisations de productions qui affecte toute l’économie du pays thiernois.

Pour en savoir plus : André Chassaigne

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