29-05-2009

Emploi, salaire et pouvoir d’achat - S Michelin

Séance publique du 28 mai 2009 - 9h30

Discussion d’une proposition de loi

Mme la présidente. L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi de Mme Marie-George Buffet visant à prendre des mesures urgentes de justice sociale en faveur de l’emploi, des salaires et du pouvoir d’achat.

(…)

Discussion des articles - Art. 1 et 2

(…)

Mme la présidente. La parole est à M. André Chassaigne.

M. André Chassaigne. À partir d’un exemple précis et chiffré, je voudrais montrer la validité des arguments que nous avançons pour défendre cet article 1er.

Je m’adresserai plus particulièrement au secrétaire d’État, Laurent Wauquiez, puisque nous sommes tous les deux Auvergnats et donc concernés par la manufacture Michelin, comme l’appelait mon père qui en était un ouvrier.

Il y a quelques mois, Michelin a fermé son site Kleber de Toul, qui comptait 826 salariés. Pendant des années, cette fermeture a été anticipée, programmée, et préparée par une absence d’investissements productifs : seulement 17 millions d’euros ont été investis en sept ans, alors que dans la même période, Michelin investissait 200 millions d’euros dans une usine rachetée en Roumanie. Et des centaines de salariés attendent toujours le reclassement qui leur avait été promis.

Michelin est à Clermont-Ferrand, et aussi à Bavozy, à quelques kilomètres de chez vous, monsieur le maire du Puy-en-Velay. Lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 15 mai, on a assisté à la grande distribution des profits : 147 millions d’euros accordés aux actionnaires, ce qui porte à 800 millions d’euros les dividendes des trois dernières années. Et si Toul a fermé, d’autres sites comme Roanne – un député de la Loire est intervenu tout à l’heure –, le Puy-en-Velay, chez vous, monsieur le secrétaire d’État, Montceau-les-Mines, ou La Roche-sur-Yon sont en danger !

Dans le même temps, à Clermont-Ferrand, un atelier de rechapage de poids lourds est au chômage partiel. À quelques kilomètres, une entreprise spécialisée dans le changement de pneumatiques ne dispose pas en stock de pneus de l’atelier dont les salariés sont mis en chômage technique, et les clients attendent. Toujours à Clermont-Ferrand, l’usine Trelleborg doit s’arrêter de produire pendant plusieurs jours, dans l’attente des pièces d’un autre atelier de Michelin dont les salariés ont aussi été mis en chômage technique.

Dans le même temps, le patron de Michelin, M. Rollier, a augmenté ses revenus de 112 % en trois ans : ils sont passés de 2,5 millions en 2006 à 4,2 millions en 2007. Il gagne 14 520 euros nets par jour ! Pendant ce temps, on prépare la suppression de sites ! En 2008, chacun des 117 000 salariés de la manufacture Michelin a créé 140 000 euros de richesse.

On ferme l’usine de Toul tout en anticipant la fermeture d’autres sites, et on met des salariés au chômage technique. Ces salariés qui défendent leur emploi et leur outil de travail, qui ont apporté chacun 140 000 euros de richesse en 2008, demandent 350 euros de plus par mois. Revendication rejetée avec une indécence terrible, au moment même où on distribue 147 millions d’euros de dividendes et où on donne des stock-options aux cent plus hauts dirigeants de l’entreprise. C’est intolérable !

Mme la présidente. Veuillez conclure, cher collègue.

M. André Chassaigne. Nos cris ne viennent pas seulement du cœur ; ils viennent aussi de la raison, mes chers collègues de la majorité. Lorsque demain des entreprises fermeront sur vos territoires, vous serez à nos côtés pour jouer les pompiers ; mais on ne peut le faire en étant également pyromane. Il faut donc anticiper, et affirmer clairement que l’on ne peut accepter de voir des emplois ainsi menacés lorsque quelques centaines d’actionnaires s’en mettent plein les poches ! Ce cri du cœur est donc aussi, je le répète, celui de la raison, car il y va de l’avenir industriel de notre pays.

(…) (suite de la discussion)

Mme la présidente. Le vote sur les articles 7 à 15 est réservé.

Mes chers collègues, nous avons achevé l’examen des articles de la proposition de loi. Je vous rappelle que la Conférence des présidents a décidé que les explications de vote et le vote par scrutin public sur l’ensemble de la proposition de loi auront lieu le mardi 2 juin, après les questions au Gouvernement.

(fin du débat à ce sujet)

Voir sur le même sujet :

Pour en savoir plus : Site AN - Séance Publ.

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