Les agriculteurs du Massif-Central attendent beaucoup du bilan de santé de la PAC, notamment parce qu’ils y voient l’occasion de rééquilibrer les aides, notamment en faveur de l’élevage herbager. Ont-ils raison ?
Les premières propositions de la Commission concernant le bilan de santé de la PAC sont très largement inspirées des attendus de l’Organisation Mondiale du Commerce et de son dogme de la concurrence libre et non faussée. Les éleveurs du Massif-Central ont su faire preuve de réactivité ces derniers mois face aux tentatives de passage en force de la Commission qui visaient avant tout à s’inscrire dans ce moule politique quel qu’en soit le coût pour les agriculteurs, et en particulier ceux des zones de montagne. C’est fort justement qu’ils ont refusé l’impasse dans laquelle les responsables de l’Union Européenne voulaient les conduire !
Les agriculteurs de Massif Central proposent au contraire un juste rééquilibrage des aides en insistant sur la nécessité d’une régulation et d’une maîtrise des marchés avec un premier pilier fort et rénové. Je m’inscris pleinement dans cette analyse qui doit permettre de conforter nos systèmes de productions et la présence agricole sur nos territoires. Cela doit passer notamment par un soutien économique aux systèmes herbagers, par des aides spécifiques à la production laitière et à la production ovine allaitante en zone de montagne, par le maintien du couplage de la PMTVA et l’ajustement de la PBC à celle-ci, tout cela au sein d’un premier pilier qu’il faut renforcer. Quant au régime des paiements uniques, il doit lui aussi être revu avec pour objectif de soutenir l’emploi et le revenu des exploitations. Cela pourrait passer par une survalorisation des DPU pour les premiers hectares en production.
Naturellement, le second pilier lié au développement rural doit lui aussi servir plus spécifiquement à compenser les handicaps inhérents aux territoires de montagne. A ce titre, je souhaite que soient renforcées les ICHN et durablement soutenues l’installation et la modernisation des exploitations en zone de montagne.
Avec ces exigences, nous sommes aux antipodes de la vision destructrice prônée par la Commission, visant à saper le rôle structurant du premier pilier en faisant mine de renforcer le second. Ne soyons pas dupes de ce jeu de passe-passe qui n’a pour seul objectif que de satisfaire aux attentes de la libéralisation totale des marchés agricoles ! Les grands principes initiaux de la politique agricole communautaire de 1962 méritent au contraire d’être réaffirmés : la souveraineté alimentaire et la préférence communautaire restent d’actualité. Plus que jamais, dans un contexte agricole et alimentaire mondial tendu, nous avons là des réponses appropriées et efficaces, garantes de notre autosuffisance et de notre sécurité alimentaire, du maintien des agriculteurs sur nos territoires et d’une vie rurale riche. Ceux qui stigmatisent toujours le budget agricole de l’Union veulent solder une politique intégrée qui, malgré certaines dérives, a pour l’essentiel fait ses preuves.