30-12-2008

Concours d’enseignant - « Mastérisation »

A propos de la réforme des concours d’enseignants, André Chassaigne souhaite interpeller Madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche , sur les conséquences de la « mastérisation »

Le Président de la République a annoncé en juin dernier la modification en profondeur des conditions d’accès aux concours d’enseignant avec l’obtention préalable obligatoire d’un Master II et l’intégration des parcours de formation initiale des futurs enseignants au sein des universités. Depuis, les organisations représentatives des enseignants soulignent l’absence de concertation sur une réforme majeure pour l’avenir de l’enseignement.

Alors que les groupes de travail se multiplient au sein des universités pour formaliser les modalités de mise en œuvre d’une telle annonce, les conséquences négatives d’un tel projet n’ont pour l’instant pas été prises en compte.

En particulier, la dilution des IUFM au sein du système universitaire n’a pour l’instant pas fait l’objet de précisions concernant les référentiels des futurs masters « enseignement », les modalités de leur intégration au sein des cursus universitaires actuels, les modalités de « recrutement » des futurs étudiants et de validation de leurs acquis et compétences finales. L’avenir de la formation des enseignants doit pourtant nécessairement passer par un juste équilibre entre savoirs théoriques et « mise en pratique professionnelle ».

Par ailleurs, la conférence des présidents d’IUFM a souligné, à juste titre, le risque majeur d’accroissement des inégalités de recrutement des enseignants issus des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées, en lien avec une formation de 5 années non financées, alors que jusqu’à présent la quatrième année faisant suite au concours était à ce titre rémunérée. De plus, un succès au concours uniquement validé en cas de réussite à la deuxième année de master reviendrait à appliquer une véritable « double peine » pour ceux qui accèdent le plus difficilement au métier compte tenu de leurs origines sociales.

Un concours d’accès préalable à Bac + 3 suivi d’un cursus de 2 années rémunérées aboutissant au niveau Master aurait au contraire permis de motiver le choix de poursuite d’études pour ces étudiants qui connaissent des difficultés matérielles, en leur ouvrant la voie vers l’enseignement.

Enfin à terme, c’est toute la question de la pérennité des statuts enseignants qui est ouvertement posée par l’affaiblissement continu, voire la volonté de suppression, des concours.

En conséquence, André Chassaigne demande à Monsieur le ministre s’il compte revenir sur les annonces faites sur ce sujet et revoir en profondeur les principes de cette « réforme » annoncée de la formation des enseignants. Il souhaiterait connaître également ses intentions afin que s’ouvre enfin une véritable concertation avec les personnels enseignants sur l’avenir de la fonction d’enseignant, de leur formation professionnelle et sur les implications d’une « mastérisation ».

Voir aussi :

Pour en savoir plus : Julien

P.-S.

Question n° 39261 publiée au JO du 06/01/09

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